Morille

Les morilles poussent à toutes les altitudes du littoral à la montagne.

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Où trouver des morilles

On trouve des morilles où la terre a un ph calcaire ou basique, tout au plus très faiblement acide. Nous verrons cela plus bas dans la partie dédiée à la géologie des sols. La région Paca, dite aussi Provence calcaire, avec ses départements des Alpes de haute Provence, Var, Vaucluse, Bouches du Rhône, Gard, sont propices à leurs pousses. La Franche-Comté (Haute-Saôneles, Jura, Doubs, Territoire de Belfort), Rhône-Alpes (Ain, Ardèche, Drôme, Isère, Loire, Rhône, Savoie, Haute-Savoie), l'Auvergne, l'Alsace, la liste n'est pas exhaustive, ont également des sols à tendance calcaire où l'on peut trouver des morilles.

Le chercheur de morille (morilleur), est possédé de début mars à fin mai. Souvent prit de tremblements en présence de frênes, il est peu bavard, et disparait discrètement à cette période du printemps. Lorsqu'il réapparaît, couvert de débris végétaux et de tiques, il n'y a alors plus de doutes sur la nature bucolique de son obssession.

morilles

Il y en a plusieurs espèces dont trois genres sont prédominants. Les morilles coniques, la plus foncée (brune), caractérisée par sa forme de cone, que l'on trouve sous résineux et chênes verts. La blonde ou ronde (jaunâtre à beige), et la commune (grise) appelée aussi morille vulgaire (vulgaris), ces deux espèces préférant d'autres biotopes où la présence de feuillus comme le frênes, le noisetier semble prépondérant. Toutes sont de très bons comestibles, après cuisson prolongée (au moins 20 mn), la déshydratation au préalable est un plus, elles sont en effet très toxiques crues ou mal cuites.

Morille blonde

Prisé des chercheurs et des gastronomes, la morille est très rare, discrète, pouvant se trouver dans des biotopes totalement insolites. On la verra ainsi pousser à même le nouveau gravier du jardin, boostée qu'elle sera par la présence du calcaire contenu dans et sur ce dernier. La terre fraîchement retournée, les forêts incendiées ou encore les coupes de bois de l'année précédente. Dans ces conditions on ne la trouvera qu'une parfois deux années consécuvites dans ce styles d'endroits. Ensuite il y a des biotopes très spécifiques ou elles reviennent fidèlement tous les ans pendant 15 à 20 ans, pour peu que l'on prenne soins de ne pas trop pietiner ces places et que l'on laisse quelques sujets lâcher leurs spores pour la reproduction. La période de la morille commence juste avant le printemps, et le point culminant semble en général être le mois d'Avril. Il n'est cependant pas rare de la croiser dès fin février près des littoraux jusqu'à début juin en montagne. La morille pousse à toutes altitudes.

L'importance du PH de la terre

schéma testeur ph
Correspondance : 3 à 6,9 = sol acide.
7 = neutre, basique. 7,1 et + = calcaire.

Le ph de la terre est le facteur le plus déterminant pour espérer trouver des morilles, car elles ne tolèrent que des terrains au ph neutre, calcaire, ou juste en dessous. Certaines plantes comme le coquelicot et le trêfle blanc ne poussent que sur sols calcaires. Les cartes géologiques permettent de savoir précisément la nature d'un sol, voir ici où trouver des morilles : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53006751f/f1.item.zoom. Jurassique, crétacé, (vert, bleu, légendes 13 à 18), l'éocène supérieur et inférieur, l'oligocène et miocène (légendes 19 à 22) sont bons. Le test du vinaigre permet de déterminer mais sans précisions le ph d'une terre. Pour cela on en prélève un peu et on verse du vinaigre blanc dessus, si une réaction moussante ou effervescente se fait, elle est calcaire. On trouve en jardinerie des testeurs électroniques pour une vingtaine d'euro, munis d'une aiguille qui plantée dans le sol analyse et indique la teneur, cependant la carte est la meilleur solution. Constat : ph favorables à la morille compris entre 6,3 et 7,5. Le 7 correspond au stade de terre neutre ou basique, au dessus de 7 elle est calcaire. (Schéma cadran testeur de pH électronique en début de ce paragraphe).

Habitats où elle ne pousse qu'une à deux saisons

Sur ces biotopes les morilles ne pousseront qu'une à deux saisons pour normalement ne plus réaparaître. Ce sont des lieux où un boulversement a eut lieu, souvent à l'origine de l'homme ou à des catastrophes naturelles.

La coupe de bois : Effectuées en prévention des incendies ou raisons économiques, ces zones où les branches et petits troncs sont souvent passés à la broyeuse, peuvent provoquer des pousses mémorables durant un an ou deux, grâce aux résines et essences libérées au sol, providentielles pour les morilles. Si une pousse à lieu, se sera directement le printemps qui suit la coupe, au plus tard le suivant. Pins et chênes sont très favorables.

coupe de bois

Les zones à vérifier sont les alentours des souche coupées, déracinées, les traces des buldozers et autres machines, les endroits où des troncs auront été entreposés, tractés, et aussi simplement dans les copeaux. Dans mon secteur, Bouches du Rhône, Var, on trouve régulièrement des morilles dans ce biotope .

Les lieux rudérales : définis ce qui croît sur ou près des décombres, l'ortie est une plante rudérale. Il en va ainsi des morilles, qui peuvent se plaire sur ce style de biotope, il faudra veiller à ce qu'aucuns déchets toxique ne soit à proximité. J'y inclu aussi les ruines, dont les murs en chaud d'autrefois peuvent alimenter la terre en calcaire.

Les zones de bois incendiés : ces zones sont à prospecter une à deux saison suivant l'incendie. Si un incendie survient en juillet/août 2019, la production des dites morilles de feux pourra se faire dès le printemps 2020.

Les chantiers et travaux : les chantiers offrent des opportunités, le travail de la terre rèvéle parfois le mycélium au grand jour. Une collègue racontait que des morilles étaient sorties carrément au fond d'une tranchée sur son terrain. Tous boulversements de la terre par l'homme est bon, ainsi qu'un déversement de chaux, de plâtre, de ciment, des produits très calcaire, ayant un effet booster, faisant monter le PH d'une terre à un niveau correct.

Les carrières de ciment, plâtre, chaux : à leurs alentours la végétation est souvent recouverte d'une pellicule blanchâtre, c'est en fait le calcaire qui emporté par le vent s'y dépose, imprégnant aussi la terre, faisant monter le ph des sols parfois trop acides au bon niveau pour la morille.

Biotopes où la morille revient chaque année

MorillesCelui qui trouve un coin à morilles, garde jalousement son secret, car avant de déceler une zone inconnue de tous, il faut marcher parfois des kilomètres sans se décourager, ces coins produisant chaque année sont le fait d'une symbiose (mycorhization) entre un arbre ou une plante et les morilles, nous aborderons tous ces biotopes potentiels au fil de cet article. La connaissance des divers arbres et plantes s'avère indispensable, cela prend du temps mais à coup sûr vous permettra de devenir un redoutable chasseur de morilles.

Les arbres fruitiers : la morille aime les sols sucrés. Les arbres fruitiers dont les fruits tombent et pourrissent au sol apportent ce sucre appréciée des morilles. Il faut éviter les vergers traités aux pesticides,. ceux à l'abandon ou bio sont une aubaine. Les meilleurs biotopes sont ceux des merisiers, pommiers, poiriers, cerisiers, et abricotiers.

Pommier en fleur (en avril) un habitat à morilles  

Les conifères et sapinières : Les forêts de conifères ou résineux, comme les sapinières pas trop denses, sinon on ne recherchera qu'en lisières, offrent de bons biotopes à la morille conique. Un mélange de conifères avec du hêtre, du chêne, ou encore comme dans le Sud-Est de la France, où les pins et arbousiers font bon ménage, sont un bon facteur pour une prospection assidue. Les conifères produisent des terpènes (hydrocarbures), composants de la résine dont on tire l'essence de térébenthine, leur présence au sol semble être favorables aux morilles, toujours à condition que la terre est un PH adéquat. Les conifères à privilégier sont les épiceas, les sapins blancs appelés aussi sapins pectinés, les pins noirs d'Autriche, le pin sylvestre, le pins d'alep. Les cèdres peuvent aussi produire des poussées, au Maroc dans les forêts de cèdres de l'Atlas les morilles poussent à profusion.

MORILLE BLONDEZone humide à feuillus et plantes à sève sucrée : ces biotopes peuvent se montrer très prolifiques chaque année, en pousses de morilles blondes et communes, inspectez les fôrets claires et lisières humides, composées de certains feuillus tel que frênes, noisetiers, peupliers tremble. Les bords de rivières et ruisseaux regorgent souvent de ces arbres, en gardant toujours l'importance du PH en tête. La symbiose de la morille avec ces essences n'est plus à démontrer, le mycélium s'amalgamant avec les racines pour s'en nourrir et croître. L'arbre hôte apporte certains éléments nutritifs, comme le frêne sa sève sucrée ou tel autre du carbone utile à la fructification. La morille se conduit ici en opportuniste vivant au crochet de ses hôtes.

frêne Les plus connus favorisant l'émergence de morilles grâce à leur sèves sucrée sont sans aucuns doutes le frêne, et le noisetier qu'il vous faudra absolument connaître et reconnaître. Voyez ci-contre la photo, prise à la bonne période, fin mars à début avril, pour vous aider à l'identifier grâce à ses jeunes feuilles, le stade où vous devez commencer vos recherches. Une autre information importante à prendre, et que l'on entend de tous les morilleurs confirmés, c'est que la présence de galeries de petits rongeurs et de taupes à proximité d'arbres à sève sucrée, favorisent grandement la sortie des morilles. En effet, car lors de leurs déplacements incessants sous terre, ces petites bestioles occasionnent involontairement des blessures aux racines, qui elles libèreront donc plus de sève et par conséquent de matières nutrives. Le "sucrage" de la terre se fait entre la fin l'hiver et l'approche du printemps, le frêne et certains autres arbres débourrent, leurs bourgeons éclatent, et l'arbres relâchent l'exédent de sève sucrée par leurs racines dans le sol.

Noisetier Le noisetier, sur la photo qui suit prise fin avril. Cet arbuste est très connu étant un des meilleurs géniteurs de morilles. Vous le repérerez aisément grâce aux coques de noisettes tombées au sol et qui ne se désagrègent pas en une seule année. On ne peut pas vraiment parler ici de tronc, mais plutôt d'un ensemble de branchages et de tiges sortant du sol.

Sur notre liste viendra s'ajouter l'orme très bon lui aussi, sa feuille possède une particularité qui vous rendra l'identification facle, elle est asymétrique (c'est à dire plus courte d'un côté que l'autre à sa base, voyez la comparaison en images ici : https://sureaux.blogspirit.com/archive/2012/11/21/reconnaitre-l-orme.html le lien s'ouvre dans une nouvelle fenêtre.

Viennent encore, charme, peuplier ou tremble, érables, aulne, acacia, robinier (faux acacia), hêtre, présents au bord de l'eau, pourront réserver des surprises.

Les arbustes symbiotiques : les arbustes susceptibles de produire des fruits, même toxiques sont bons eux aussi, en voici la liste : sorbier des oiseleurs ou des oiseaux (très bon) - groseillier sauvage - aubépine - églantier (rosier sauvage) - ronciers (mûres sauvages) - alisier torminal nommé encore alisier des bois ou sorbier torminal (très bon) - néprun des Alpes - sureau - prunelier (aussi épine noire).

Description des plantes présentes sur les biotopes à morilles

Violettes Mercuriale
Les violettes (mauve et bleu ciel) La mercuriale
orchidées sauvages
Hépatique à trois lobes Les orchidées sauvages
jacinthes ficaire fausse-renoncule
Les jacinthes (signal de départ de la saison des morilles) La ficaire fausse-renoncule (zones propices à la morille)
Ciste cotonneux (terrain calcaire) Narcisse des poètes (la saisons des morilles à démarrée)
Pissenlits
Pissenlits : crés une symbiose directe avec la morille L'ortie
lierre
Le lierre terrestre Lierre rampant ou grimpant
biotope à morilles Troëne
Pervenches biotope propice Le troëne (famille du frêne - Oléacées), dont une vieille étude du 18ème siècle, semble montrer, qu'il serait dans certains cas, un atout en plus pour créer la symbiose entre un arbre et la morille, agissant un peu comme un élément manquant

Photos des différentes espèces

Photos Lucas Arminjon Photos Charly Reitpes Photos J; Angelo Montani  Morille blonde
morille vulgaire morille blonde
Photos Jerome Monties Morilles rondes (rotunda) Photos Jean Marie Mang Morilles rondes
Photos Andree Morel      
morille morchella
Où que vous vivez n'oubliez pas aussi le pourtour des lacs et étangs, où hormis l'humidité, la végétation se prête aussi à merveille à la momo... Un grand merci à mes amis morilleurs sans qui cette page n'éxisterait pas !

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Les groupes tels que ceux présents sur Facebook, peuvent être d'une grande utilité pour apprendre beaucoup de choses sur les différentes espèces de morilles et leurs biotopes à chacunes. Je vous en conseille un notamment, uniquement consacré à ce champignon mythique : www.facebook.com/groups/129750487740620/